Les
historiens de l’art peuvent se considérer victimes d’un système
bureaucratique désuet qui les plonge dans d’interminables querelles
stériles. Mais doit-on attendre que le système change? Pratiquant
actuellement dans un pays ou l’histoire de l’art n’a pas droit de
cité et où les ressources (musées, expositions, bibliothèques...)
sont quasi nulles, j’ai posé le problème à ma propre
échelle: si notre profession veut s’imposer dans la société,
elle doit s’adapter à ses besoins à ses besoins en lui offrant
de nouvelles propositions. J’ai participé à la création,
au sein de l’ALBA (Académie libanaise des Beaux-Arts) d’un Atelier
de Recherche pluridisciplinaire. Cette structure regroupe des étudiants
de différentes disciplines qui sont amenés à réagir
aux problèmes de la cité et à chercher des solutions
appropriées. En tant qu’historien de l’art, je collabore activement
avec des professionnels venus de tous horizons (architectes, metteurs en
scène, anthropologues, etc.) à la direction de projets qui
sont toujours réalisés grandeur nature in situ et rendus
publics. Ces expériences se sont avérées très
enrichissantes pour les étudiants et ont reçu un accueil
très favorable du public et des médias. Loin de m’éloigner
de mon identité d’historien de l’art (dont je suis fier), ces travaux
me permettent de l’utiliser ailleurs que dans mes cours magistraux, non
pas de manière théorique, mais pratique. Si la spécialisation
dans les connaissances reste indispensable, j’estime que l’ouverture aux
autres est devenue, en cette fin de siècle, inéluctable.
Il serait peut être temps de descendre de notre tour d’ivoire... |