Le
bien fonds 1237, plus connu sous le nom d'immeuble Barakat ou d'immeuble
'jaune', est situé sur la rue de Damas, laquelle séparait
en deux la ville de Beyrouth durant les guerres successives de 1975-1990.
Construit en 1924 par l'architecte Youssef Aftimus, l'immeuble fut occupé
par les milices dans les années soixante-dix et servit d'avant poste
défensif jusqu'à la fin des années quatre-vingt. Il
est, depuis 1990, sujet à de nombreuses polémiques concernant
son éventuelle destruction ou transformation. |
Le
propos de l'atelier de recherche n’était pas l'évocation
de l'importance architecturale de lieux à préserver et s'est
refusé à tout a priori nostalgique ou sentimental. |
L'immeuble
Barakat a été utilisé pour: |
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L'histoire intrigante de sa construction (Youssef Aftimus - 1924,
Fouad el Kozah - 1932) qui permet de dégager des pans de
l'histoire de la ville entre les deux guerres mondiales. |
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Son emplacement sur la Rue de Damas, dans l'extension sud du centre
ville de Beyrouth qui allait devenir ligne de démarcation (1975-1990). |
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Son emplacement sur la Rue de Damas, dans l'extension sud du centre
ville de Beyrouth qui allait devenir ligne de démarcation (1975-1990). |
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Son appropriation vernaculaire par les milices (1975-1990) v/s l'amnésie
collective (1990-). |
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Sa capacité à être un modèle de départ
pour expérimenter des interventions architecturales tournées
vers le futur. |
Le
projet a été l'occasion pour les étudiants, d'avoir
une nouvelle lecture de leur ville, passant outre les processus
d'oubli (physique et mentaux) qui caractérisent le Beyrouth
d'après-guerre ainsi que de découvrir le travail de Y. Aftimus
dont l'influence tout au long de la première moitié du XXème
siècle a contribué à la formation de notre ville. |
Le
bf1237 s'est transformé en un instrument, un outil qui a
permis de mettre à jour les 'singularités partagées'
qui rendent possible l'établissement de nouveaux rapports
avec la ville, au delà des habituels clivages, entre le nouveau
et l'ancien, la "tabula rasa" et la restauration, etc. |
EXTRAITS:
Le projet BF 1237 a été exposé partiellement en octobre
1999 dans le cadre des journées de l'Architecture à La Fabrika,
Imprimerie Catholique. Il sera développé dans le cadre des
Machines Célibataires, présentées en mai 2000. |
"J'avance
alors : quoi des chaussures quand ça ne marche pas? Quand elles
sont mises de côté, restant pour un temps plus ou moins long,
voire à tout jamais, hors d'usage? Que signifient-t-elles? Que valent-elles?
Plus ou moins? Et selon quelle économie? Vers quoi fait signe leur
plus (ou moins)-value? Contre quoi peuvent-elles s'échanger? En
quel sens (qui? quoi?) font-elles marcher? et parler? Voilà le sujet
qui s'annonce. Il revient lentement. Mais toujours trop vite - pas de précipitation
-, la tête la première pour occuper debout, instantanément,
les lieux abandonnés. Pour investir, et s'approprier les lieux hors
d'usage comme s'ils ne restaient occupés que par accident, et non
par structure. Le sujet s'étant annoncé, laissons ici, pour
un temps, les chaussures. Il se passe quelque chose, quelque chose a lieu
quand des chaussures sont abandonnées pour un temps ou à
jamais hors d'usage, apparemment détachées des pieds, portés
ou porteurs, détachées en elles-mêmes si elles sont
à lacets, l'une de l'autre toujours mais avec ce supplément
de détachement dans l'hypothèse où elle seraient dépareillées.
Oui, supposons par exemple deux souliers (à lacets) droits ou deux
souliers gauches. Ça ne fait plus une paire, ça louche ou
ça boîte..." |
Jacques
DERRIDA, La vérité en peinture, ed. Flammarion Champs, p.
302. |